• Infrastructure
  • Real Assets
  • Infrastructure Equity

Infrastructures immatérielles : stockage et transmission de données

L’émergence des infrastructures de données a constitué un thème déterminant de ces dix dernières années. Tandis que le secteur arrive à maturité, Laurence Monnier explique pourquoi une croissance supplémentaire, une consolidation et le développement d’un marché secondaire sont anticipés.

5 minutes de lecture

La transmission et le stockage de données répondent à des besoins publics essentiels, ce qui fait de ces actifs des infrastructures par nature. Pourtant, les infrastructures de données, qui comprennent les centres de données, les pylônes de fibre optique et les antennes de téléphonie mobile, présentent des caractéristiques qui les distinguent des actifs d’infrastructures plus traditionnels tels que l’énergie ou les transports. Cela crée des opportunités pour les investisseurs, bien qu’il ne soit pas évident de les saisir.

L’évolution rapide de la technologie et de la demande, associée à une réglementation plus permissive, rend difficile l’évaluation de la demande à long terme pour des actifs spécifiques.  Cela explique pourquoi les investisseurs à long terme sont susceptibles de privilégier les actifs bénéficiant de revenus contractuels ou de barrières à l’entrée élevées, situés dans des domaines présentant une réglementation claire et de bonnes références en matière de gestion ESG.

Nous présentons ici les thèmes d’investissement susceptibles de stimuler la prochaine phase de développement du secteur.

1. L’insatiable besoin de données sous-tend le développement d’infrastructures de type « greenfield »

En termes de données, le monde a un appétit vorace, d’où le besoin de nouvelles infrastructures pour les transporter et les stocker. Cette tendance devrait se poursuivre sous l’impulsion des nouvelles applications. Selon les prévisions de Cisco, le trafic de données devrait augmenter à un taux annuel de 27 % entre 2017 et 2022.

Graphique 1 : Croissance des données
Growth in data
Source: Cisco VNI, 2019

Les données ne sont plus cantonnées à l’univers de l’entreprise et sont désormais nécessaires au fonctionnement de la plupart des aspects de la vie quotidienne. L’éventail des utilisations ne cesse de s’élargir : des rencontres en ligne à la diffusion de vidéos, des devoirs scolaires au télétravail, des paiements à la remise en forme, le flux de transferts de données ne cesse d’évoluer. Les données ne font pas qu’aider au fonctionnement de notre quotidien, elles transforment aussi notre mode de vie. Ces changements sociétaux majeurs ont de profondes implications sur les infrastructures nécessaires à leur mise en place.

Graphique 2 : tout un éventail d’utilisations
A breadth of uses
Source: Aviva Investors

Une chose est claire : des investissements importants dans de nouvelles infrastructures de réseau sont nécessaires – notamment dans les câbles à fibres optiques, les cellules mobiles et les centres de données.

Graphique 3 : L’écosystème de données
The data ecosystem
Source: Aviva Investors

Cependant, tandis que le marché arrive à maturité, nous prévoyons également une plus grande consolidation des réseaux et un marché secondaire en expansion.

2. Les infrastructures de données présentent des caractéristiques uniques

L’accès rapide et efficace aux données n’est plus un luxe : c’est un service public essentiel. En ce sens, les actifs de transmission et de stockage des données présentent des caractéristiques semblables à celles des infrastructures, tout comme les réseaux de distribution d’eau ou d’électricité. Les investisseurs en infrastructures s’en sont rendu compte : une enquête menée en 2019 auprès d’investisseurs européens en infrastructures, mandatée par le cabinet d’avocat International DLA Piper, a révélé que les investisseurs en obligations et en actions prévoyaient d’augmenter leur exposition aux centres de données de 33 % et 18 % respectivement.1

L’accès rapide et efficace aux données n’est plus un luxe : c’est un service public essentiel

Les investisseurs allouent généralement des capitaux aux actifs d’infrastructures en vue d’obtenir des flux de trésorerie stables à long terme. Mais, comme indiqué précédemment, les infrastructures de données présentent des caractéristiques qui les distinguent des secteurs d’infrastructures traditionnels.

L’évolution technologique rapide entraîne un risque d’obsolescence

Les moyens de transmission des données ont évolué rapidement. Les réseaux en cuivre existent depuis plus de 100 ans, le câble coaxial depuis 50 ans et le haut débit depuis 20 ans. Dans ce monde en pleine accélération, cela pose des questions complexes : quelle est la durée de vie des infrastructures de données ? Les câbles à fibres optiques et les antennes de télécommunications actuelles pourraient-ils devenir le cuivre de demain ?

La demande de câbles à fibres optiques, d’antennes-relais de téléphonie mobile et de centres de données semble devoir se poursuivre dans un avenir proche.

Malgré cela, la demande de câbles à fibres optiques, d’antennes-relais de téléphonie mobile et de centres de données semble devoir se poursuivre dans un avenir proche, même si les caractéristiques du réseau vont sans doute évoluer.

En 2020, l’Europe devrait débuter la mise en place de la 5G. Cette technologie peut concurrencer la fibre optique pour fournir des données au domicile. La haute fréquence utilisée dans la 5G exige que davantage de microcellules soient installées à proximité des bâtiments – plutôt que de s’appuyer sur des mâts plus éloignés utilisés par les macrocellules 3G et 4G. Ce changement pourrait entraîner une concurrence accrue pour les réseaux de fibres optiques et les pylônes existants, mais aussi de nouvelles opportunités pour les investisseurs : il faudra installer davantage de cellules et il faudra davantage de fibres pour les connecter.

Le gouvernement britannique a pour ambition de déployer un réseau 5G couvrant 50 % de la population d’ici 2027

Étant donnés les coûts d’investissement élevés, les opérateurs pourraient partager les infrastructures, ce qui augmenterait le potentiel de revenus pour les nouveaux sites. En outre, les coûts d’installation de nombreuses cellules signifient que le déploiement dans des zones moins denses déjà connectées au haut débit n’est pas prévu dans l’immédiat, ce qui offre une certaine protection aux investisseurs dans le haut débit rural. Au Royaume-Uni, par exemple, le gouvernement a pour ambition de déployer un réseau 5G couvrant 50 % de la population d’ici 2027.2

Les perspectives à plus long terme sont toutefois moins claires. L’évolution technologique pourrait rendre moins coûteux et plus efficace le recours à d’autres moyens de transmission des données (par exemple, par satellite ou par avion). Elle pourrait également permettre d’utiliser des appareils mobiles comme répétiteurs ou émetteurs de données, au lieu de cellules indépendantes. Ces technologies pourraient compléter les réseaux existants – un peu comme le Wi-Fi ou les satellites complètent la fibre et les antennes-relais actuelles – ou pourraient rendre une partie du réseau obsolète.

Les investisseurs à long terme rechercheront des actifs assortis de contrats à long terme et devront également être rigoureux dans leur analyse de la demande future et des risques de renouvellement des loyers.

Du réseau au Cloud

Il n’y a qu’une seule canalisation qui achemine l’eau dans les maisons. Dans le monde numérique, l’omniprésence des données rend la demande et la concurrence difficiles à cerner. Par exemple, le streaming sur les appareils mobiles signifie que la demande de vidéos en ligne a un impact sur l’utilisation des infrastructures de données mobiles et fixes.

La configuration des réseaux de données doit s’adapter plus rapidement que les autres réseaux d’infrastructures pour satisfaire l’évolution de la demande

La configuration des réseaux de données doit s’adapter plus rapidement que les autres réseaux d’infrastructures pour satisfaire l’évolution de la demande 

L’avènement des véhicules autonomes et de l’Internet des objets signifie également que le nombre de points nécessitant un trafic de données bidirectionnel va s’étendre et se transformer rapidement. Dans un monde où les nouvelles applications créent une nouvelle demande, le manque de clarté quant au type d’infrastructures utilisé pour transmettre les différents types de données n’est pas préoccupant. Toutefois, la configuration des réseaux de données doit s’adapter plus rapidement que les autres réseaux d’infrastructures pour satisfaire l’évolution de la demande.

La réglementation est essentielle

La réglementation joue un rôle important pour déterminer le rythme de la concurrence

Dans la plupart des cas, les actifs d’infrastructures de données n’ont pas de monopole, et donc pas de revenus réglementés. La demande est élevée, mais il a été démontré que le prix des données baisse rapidement une fois le réseau construit si la concurrence augmente.

La réglementation joue un rôle important pour déterminer le rythme de la concurrence

La réglementation joue un rôle important pour déterminer le rythme de la concurrence. En protégeant un marché pendant une période donnée (en accordant des concessions, par exemple) ou en facilitant la concurrence (en accordant aux nouveaux entrants le même droit d’accès que les opérateurs historiques), les organismes de réglementation et les législateurs jouent un rôle déterminant dans le mode d’évolution d’un marché.

Les gouvernements peuvent également accélérer l’adoption de nouvelles technologies. Par exemple, la France a encouragé le développement de réseaux ruraux à haut débit en allouant des subventions pour des concessions spécifiques. L’Europe dispose de nombreux modèles différents, et il est essentiel de comprendre le contexte de chaque marché pour évaluer la demande.

L’accès aux données peut également avoir des avantages significatifs sur le plan social

3. Une situation ESG contrastée

Il a été prouvé que des données plus rapides et plus sûres soutiennent la croissance économique en aidant les entreprises et les consommateurs à se connecter.

L’accès aux données peut également avoir des avantages significatifs sur le plan social. Par exemple, la connexion d’une communauté rurale au haut débit octroie aux habitants un meilleur accès à des services tels que la santé, l’éducation et les services bancaires. Elle peut également encourager une population plus jeune à s’installer en facilitant le travail à distance. Selon un rapport de 2018 du ministère du numérique, de la culture, des médias et des sports3, la connexion au haut débit rapide est bénéfique pour les habitants des zones rurales, car elle leur confère une amélioration de leur bien-être équivalente à 222,25 livres sterling par an et par local modernisé.

Energy consumption – Google
Source: Statista, enerdata

Ces avantages justifient clairement l’investissement économique et social dans le haut débit, en particulier lorsque de nouvelles collectivités peuvent bénéficier de vitesses de connexion élevées.

Graphique 4 : Consommation d’énergie – Google
Le stockage de données nécessite de grandes quantités d’énergie. On estime que les centres de données consomment 3 % de l’énergie mondiale et pourraient utiliser un cinquième de toute l’électricité consommée dans le monde d’ici 2025

Sur le plan environnemental, les données peuvent également jouer un rôle positif, par exemple en aidant à réguler la consommation d’énergie lorsque des sources d’énergie propres sont disponibles.

Cependant, le stockage de données dans des centres de données remplis de matériel informatique et bénéficiant d’une régulation thermique nécessite de grandes quantités d’énergie, ainsi que de l’eau pour le refroidissement.

Par exemple, Google, malgré ses efforts sur le plan environnemental, a consommé l’année dernière plus de 10 000 GWh d’électricité4. Cela équivaut à la consommation de 3,4 millions de ménages britanniques moyens5 – et semble augmenter de manière exponentielle.

Une étude de 2017 a estimé que les centres de données consommaient 3 % de l’énergie mondiale et pourraient utiliser un cinquième de toute l’électricité consommée dans le monde d’ici 20256. Les investisseurs devraient donc analyser soigneusement les caractéristiques environnementales de leurs actifs – comme l’origine de l’électricité et de l’eau qu’ils consomment et l’efficacité énergétique de leurs bâtiments – afin d’en réduire l’impact environnemental. Dans le secteur des infrastructures de données, les centres de données sont les plus susceptibles d’être concernés par toute nouvelle réglementation conforme aux objectifs de neutralité carbone.

Les données : les infrastructures du futur ?

Les infrastructures de données se développent et évoluent plus rapidement que les autres réseaux d’infrastructures. Le rythme même du changement crée des opportunités remarquables pour les investisseurs, mais aussi des difficultés pour évaluer l’analyse de rentabilité à long terme.

Alors que des actifs tels que les centres de données, les antennes-relais de téléphonie mobile et les réseaux à haut débit semblent offrir des flux de trésorerie stables, la teneur des futures opportunités est plus difficile à prévoir. Qui sait : compte tenu des vastes volumes de données disponibles et de l’avènement de la blockchain, les données elles-mêmes pourraient-elles devenir les infrastructures du futur ?

Author

Information importante

Sauf indication contraire, la source de toutes les informations est Aviva Investors Global Services Limited (« AIGSL ») à février 2020. Sauf indication contraire, les points de vue et les opinions exprimés dans le présent document sont ceux d'Aviva Investors. Son contenu ne saurait être interprété comme une garantie de rendement d’un placement géré par Aviva Investors, ni comme un conseil de quelque nature que ce soit. Les informations contenues dans ce document ont été obtenues auprès de sources considérées comme fiables, mais elles n’ont fait l’objet d’aucune vérification indépendante d’Aviva Investors, et Aviva Investors ne peut en garantir l'exactitude. Les performances passées ne présagent en rien des performances futures. La valeur d’un placement et de tout revenu en découlant est susceptible de fluctuer aussi bien à la baisse qu’à la hausse, et il n’est pas garanti que l’investisseur recouvre son montant d’investissement initial. Aucun élément de ce document, y compris les références à des titres, classes d'actifs ou marchés financiers spécifiques, ne doit ou ne peut être considéré comme un conseil ou une recommandation de quelque nature que ce soit. Ce document ne constitue pas une recommandation de vendre ou d'acheter un placement quelconque. 

Pour la région Royaume-Uni et Europe, ce document a été élaboré et émis par AIGSL, entreprise de droit anglais immatriculée sous le numéro 1151805. Siège social : St Helen’s, 1 Undershaft, London EC3P 3DQ. (Londres, Angleterre) Cette entreprise est agréée et réglementée par la Financial Conduct Authority (autorité des marchés du Royaume-Uni). En France, Aviva Investors France est une société de gestion de portefeuille agréée par l’Autorité des Marchés Financiers, sous le n° GP 97-114, une société anonyme à Conseil d’Administration et de Surveillance, au capital de 18 608 050 euros, dont le siège social est situé 14 rue Roquépine, 75008 Paris et immatriculée au Registre du Commerce et des Sociétés de Paris sous le n° 335 133 229. En Suisse, le présent document est publié par Aviva Investors Schweiz GmbH, agréé par l’autorité fédérale de surveillance des marchés financiers, la FINMA, en tant que distributeur de fonds de placement collectif.

Le nom « Aviva Investors » utilisé dans ce document désigne l'organisation mondiale des sociétés de gestion d'actifs affiliées exerçant leur activité sous le nom Aviva Investors. Chaque société affiliée à Aviva Investors est une filiale d'Aviva plc, société multinationale cotée de services financiers ayant son siège au Royaume-Uni.

Nos Vues