Les retards de la campagne de vaccination en Europe font peser des risques sur la croissance à court terme, mais le rebond est toujours attendu dès que les restrictions seront levées.
Aux États-Unis, les données confirment une économie américaine en bonne santé, avec des risques à la hausse si l’on prend en compte le troisième plan fiscal qui va bientôt être approuvé (environ 10% du PIB) et la forte épargne des consommateurs américains. Avec un taux d’épargne augmenté à 20,5% en février et les stocks d’épargne accumulée en 2020, il est possible d’anticiper un fort rebond de la consommation dans les trimestres à venir.
Les sondages PMI (*) résument bien la divergence entre les deux zones. Aux États-Unis, on reste sur des niveaux de forte expansion (55-60), à la fois pour le secteur manufacturier et le secteur des services. En zone euro, le secteur manufacturier est en expansion également (57,9 en février) mais peine à compenser la faiblesse du secteur des services (44,7 pour l’indice de février), toujours frappé par les restrictions. Pour la zone euro, nous prévoyons une poursuite de la contraction de l’activité économique au premier trimestre, du même ordre qu’au quatrième trimestre 2020 (-0,7% en glissement trimestriel non annualisé).
En résumé, le virus et la réponse des gouvernements restent toujours les variables déterminantes pour la croissance en ce début d’année, mais la demande reste solide et pointe vers une reprise robuste dès que les circonstances le permettront.
Les prix à la consommation remontent bien des deux côtés de l’Atlantique, l’inflation s’est établie à 1,4% aux États-Unis et 0,9% en zone euro en janvier. Néanmoins, il faut bien distinguer les effets de base (comme ceux sur les prix de l’énergie) et les effets temporaires (liés à la reprise cyclique) des dynamiques sous-jacentes, qui demeurent très modérées. Nous considérons qu’il sera difficile de voir de véritables pressions inflationnistes, notamment en zone euro (1), où les risques de surchauffe sont faibles. Les risques sont plus accentués aux États-Unis. Les marchés obligataires testent la volonté des Banques centrales de maintenir durablement les taux directeurs à un niveau bas.
Il est trop tôt pour s’attendre à un changement de discours de la part des principales Banques centrales. La Réserve fédérale américaine a plusieurs fois souligné qu’il faudrait d’abord constater des progrès substantiels à la fois sur l’inflation et sur le marché du travail pour commencer à retirer les mesures actuelles. Avec sa nouvelle structure de politique monétaire, la banque centrale américaine devrait maintenir des taux à zéro même quand l’inflation aura dépassé sa cible (pendant un certain temps). Quant à la Banque centrale européenne (BCE), tous les membres du Directoire se sont exprimés en février pour apaiser les tensions sur les marchés obligataires. La BCE veut éviter une hausse des taux (longs) trop rapide et brusque compte tenu de l’état encore fragile de l’économie. La BCE continuera donc à utiliser les outils à sa disposition pour que les conditions de financement restent très favorables.
(*) Les indices PMI sont des enquêtes auprès des directeurs d’achat qui indiquent une opinion positive s’ils sont supérieurs à 50 et inversement.
(1) Lien vers un article rédigé sur le sujet : https://www.avivainvestors.com/fr-fr/nos-vues/aiq-reflexion-sur-linvestissemen/2021/02/L-inflation-post-Covid-a-quoi-doit-on-s-attendre/