La poursuite de la remontée des taux longs américains a continué, en mars, de concentrer l’attention des investisseurs et à alimenter la rotation sectorielle sur les actifs risqués en faveur des sociétés exposées à la reprise économique mondiale et encore jugées sous-évaluées.
La succession de déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale américaine, n’a pas réussi à apaiser les craintes de rebond de l’inflation outre-Atlantique et donc à freiner la remontée des taux longs. Alors que la campagne de vaccination est menée tambour battant aux États-Unis et que le plan de relance de 1 900 milliards de dollars a été définitivement voté début mars, une accélération de la reprise économique américaine est anticipée dans le sillage du plan d’investissement de 2 250 milliards de dollars destiné aux infrastructures. Ce nouveau plan d’investissement, prévu sur 8 ans, a été présenté fin mars.
À la différence des deux premiers mois de l’année, la poursuite de la remontée des taux longs américains ne s’est pas propagée en mars à la zone euro. Cette accalmie a permis aux actifs risqués européens de poursuivre leur avancée après déjà de belles performances en février. Les déclarations de la Banque centrale européenne et l’accélération de la hausse de ses rachats d’actifs ont rassuré les investisseurs. Les mesures sanitaires supplémentaires prises dans plusieurs pays de la zone euro, France en tête, en raison d’une nouvelle vague de la pandémie n’ont que légèrement pesé sur l’engouement des investisseurs pour les sociétés exposées à la reprise économique ou encore les sociétés peu valorisées en Bourse. Malgré le risque de décalage de la reprise économique en zone euro, les investisseurs s’en tiennent, pour le moment, à une série d’indicateurs économiques supérieure aux attentes mais également au relèvement des prévisions de croissance de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) pour 2021 et aux déclarations du FMI (Fonds monétaire international) sur un mouvement à venir similaire.
Performances à fin mars 2021
*Performances du 31/12/2020 au 31/03/2021. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
Marchés actions
La rotation sectorielle en faveur des valeurs exposées à la reprise économique mondiale a une nouvelle fois, en mars, permis aux indices actions européens de mieux performer que leurs homologues américains. Les indices européens comportant plus de valeurs sensibles à la croissance économique, ils bénéficient directement de la rotation sectorielle. Ces valeurs avaient sensiblement moins bénéficié du rebond depuis les plus bas de mars 2020 et sont donc encore jugées sous-évaluées. À l’inverse, les indices américains sont sensiblement plus pondérés en valeurs technologiques et de croissance, pénalisées depuis le début de l’année par la remontée des taux longs après avoir été largement privilégiées en 2020.
Aux États-Unis, la hausse des taux à long terme n’a pas empêché les marchés actions de poursuivre leur mouvement haussier. Le S&P 500, principal indice américain, finit le mois en nette hausse en mars, et s’approche des 4 000 points. Le Nasdaq, l’indice des valeurs technologiques, finit en revanche le mois quasiment à l’équilibre. Les valeurs de croissance sont pénalisées par la hausse des taux d’intérêt.
En Europe, le CAC 40 signe à nouveau une très belle performance mensuelle, la meilleure depuis l’envolée historique de novembre dernier. L’indice parisien est revenu au-dessus des 6 000 points, ses niveaux d’avant crise. À noter que la Bourse parisienne s’est enrichie en mars d’un nouvel indice : le CAC 40 ESG qui exclut 9 titres de l’indice traditionnel, dont Total, Airbus ou encore Hermès. En Allemagne, le DAX a franchi pour la première fois le seuil des 15 000 points, porté notamment par le secteur automobile.
Les marchés d’actions émergents, y compris asiatiques, ont souffert de la hausse des taux d’intérêt américains et de la hausse du dollar qui favorisent la réallocation des capitaux sur le sol américain. Sur le mois, l’indice MSCI Emerging Market (dividendes nets réinvestis, en dollars) recule de -1,5%.
Marchés obligataires (1)
Les marchés des obligations souveraines ont connu une évolution divergente en mars des deux côtés de l’Atlantique.
Aux États-Unis, les taux longs ont poursuivi leur remontée dans le sillage d’une série d’indicateurs économiques supérieurs aux attentes mais également de la révision en hausse des prévisions de croissance et d’inflation de la Réserve fédérale. La succession de déclarations de Jerome Powell, son Président, n’a pas permis d’apaiser les esprits. Il a estimé que la politique monétaire restait appropriée à la situation actuelle, confirmant ainsi qu’à court terme la priorité restait clairement le retour au plein emploi plutôt que la lutte contre l’inflation. Mais il a aussi précisé, fin mars, que les rachats d’actifs seraient réduits, en temps voulu, très progressivement et en toute transparence. Des déclarations qui permettent de préparer les esprits à un éventuel changement de cap.
Sur le mois, le rendement des obligations souveraines américaines à dix ans a fini en hausse de 33 points de base à 1,74%, soit une remontée de 82 points depuis le début de l’année.
En zone euro, la tendance a été à l’accalmie. Une communication suffisamment claire en début de mois de la Banque centrale européenne indiquant qu’elle agirait, si nécessaire, pour limiter la hausse des taux s’est traduite dès la mi-mars par une accélération des achats d’actifs. Le rendement des obligations souveraines allemandes à 10 ans a fini le mois en baisse de 3 points de base à -0,29%, soit une hausse de 28 points sur le trimestre. Le rendement de l’OAT française à 10 ans a reculé de 4 points de base pour finir autour de -0,05%. Sur le trimestre, la hausse est de 29 points. Le taux de rendement des obligations d’État italiennes a également reculé, de 9 points de base à 0,67%. Sur le trimestre, la remontée est de 13 points de base.
Sur le marché européen du crédit, la défiance à l’égard des obligations d’entreprises notées « Haut Rendement » (*) a reculé. En zone euro, les obligations d’entreprises notées « Investment Grade » (*) ont enregistré une performance mensuelle très légèrement positive. Le marché primaire reste actif. Les émissions rencontrent toujours du succès mais force est de constater que la demande est moins forte depuis quelques semaines. Les émissions remportent toujours un large succès, preuve du fort intérêt des investisseurs pour la classe d’actifs.
(*) Les obligations spéculatives à « Haut rendement », ont une note de crédit (de BB+ à D selon Standard & Poor’s et Fitch) plus faible que les obligations « Investment Grade » (notées de AAA à BBB- selon Standard & Poor’s et Fitch) en raison de la santé financière plus fragile de leurs émetteurs selon les analyses des agences de notation. Elles sont donc considérées comme plus risquées par les agences de notation et offrent en contrepartie des rendements plus élevés.
(1) Source Bloomberg, données au 31.03.2021